Les cyprès du cimetière

Les cyprès du cimetière

Pourquoi avoir planté des cyprès dans le cimetière de Saint Ségal ?

Ceux d’entre vous qui seront passés par le cimetière durant  la fête de la Toussaint ou encore le 2 Novembre, jour de la fête des morts, ont pu constater la plantation de cyprès.

Présent dès l’Antiquité dans les lieux funéraires de la méditerranée,  il symbolise l’Immortalité,  car son feuillage reste toujours vert et son bois reste odorant, longtemps après avoir été coupé.
Il devient ainsi, dès le Moyen Age, un arbre symbolisant la Résurrection, et de ce fait, présent dans les cimetières occidentaux, porteur d’un message d’Espérance au milieu d’un champ de résignation. 
Cette tradition se retrouve dans diverses cultures, donnant aux morts une place tangible au milieu des vivants.
Sa patrie d’origine est l'Asie occidentale, et plus exactement dans les montagnes du nord de l'Iran.


Les tablettes cunéiformes sumériennes qui relatent l'histoire du héros Gilgamesh attestent déjà que le cyprès était un des arbres les plus usitées dans la pharmacopée.
Deux mille ans avant J.-C., on employait l'huile extraite de ses feuilles contre tous les désordres du système veineux, et les troubles nerveux.
Ce sont des marchands grecs qui le ramenèrent dans leur pays, et de la dans toute la Grande Grèce.
Au Vème siècle avant J.C. Hippocrate utilisait cette huile afin de soigner les affections urinaires.
Au IIIème siècle après J.C., le philosophe chrétien Origène voyait dans le cyprès dont  la bonne odeur (mélange de santal et d’encens) apportait la sérénité,  l'image des vertus spirituelles répandant  la sainteté.  Il s'agit là d'un symbolisme très ancien, mais aussi universel puisque les mêmes croyances se retrouvent dans l’ensemble des cultures antiques.
Chez les Grecs et les Romains, le cyprès ornait les nécropoles, car censé permettre de communiquer avec les régions souterraines.  Il était lié au culte d'Hadès, le dieu des Enfers.  Arbre mythique symbole de résurrection, il borde la Via Appia lorsque la notion de « nécropole » (cité des morts) disparait au profit de la notion de « catacombes » (ceux qui dorment en bas).
En Chine et au Japon, on attribuait au Hinoki Chamaecyparis (issu du grec : cyprès bas) le pouvoir de procurer la longévité. Au Japon, formant de magnifiques forêts, le hinoki est un arbre sacré, planté près des temples shinto.  Son bois servit aussi à édifier le palais de l'empereur, lui-même personnage divin.

En Égypte, le bois odoriférant de cet arbre mythique, réputé imputrescible, servait à la fabrication des sarcophages  et son essence servait lors de l’embaumement.
Beau, résistant, odorant, incorruptible, le bois de cyprès faisait partie, dès la Haute Antiquité, des bois nobles (comme le cèdre et l’acacia) qui furent utilisés dans la construction du Temple de Salomon.
Par ailleurs, durant l’Antiquité, il sera fréquemment utilisé dans le domaine musical ; en raison de sa lente croissance, son grain est dur et compact offrant ainsi une bonne transmission des vibrations et une excellente résonance.

Virginie Foutel
Commission Culture et Patrimoine